Alixire Artiste Plasticienne #me too
Alixire Artiste Plasticienne
Mes premiers livres
Deux motivations ont initié ce livre. Depuis longtemps, j’avais envie de fabriquer un livre d’artiste mais n’avais pas encore rencontré le sujet qui me ferait passer le pas. Lorsque dans ma vie s’est présenté le moment de travailler une fois de plus sur ce trauma qui remonte à l’enfance, j’avais trouvé le sujet. Je suis partie de ce désir de fabriquer quelque chose, peut-être de beau, à partir de toute cette souffrance (si forte, si longue …).
J’avais en matière première cette ébauche de Bédé réalisée 18 ans plus tôt dans le cadre de mes études d’art plastique. Ebauche parce que, si j’avais réussi à arracher des tréfonds de ma mémoire le souvenir précis des événements, si j’avais réussi à les écrire sous la forme d’un story-board, j’avais butté sur la réalisation des dessins. Pendant 18 ans, j’ai cru que c’était à cause de mon manque de savoir-faire, sans penser que l’exactitude anatomique n’était pas obligatoire. J’ai fini par comprendre que c’était juste au-dessus de mes forces. Partant de ce principe, j’ai décidé d’utiliser tous les éléments à ma disposition (brouillons du story-board, story-board au propre, croquis plus ou moins achevés, recherches iconographiques, photos, etc.) et de garder le découpage de la bédé. Ce serait donc une case par page, chaque page de droite correspondant à un élément narratif, celle de gauche venant compléter cette narration. J’y ai fabriqué des ambiances qui tentent d’exprimer le ressenti correspondant à l’époque, à mon âge, à l’atmosphère générale dans laquelle je baignais, à mes parents, à la souffrance, aux petits bonheurs malgré tout.
Pour les réaliser, j’ai plongé tête la première dans mes riches archives pour y repécher mon journal intime (des heures de lectures plus ou moins difficiles), des cahiers dans lesquels je transcrivais des textes, poèmes et aphorismes que j’aimais (je les ais utilisés soit directement en copie soit en les recopiant avec une police de caractère enfantine et bien plus lisible que mes pattes de mouche), des photos, des petits objets … J’ai également retrouvé un texte écrit à la même époque que mon embryon de bédé, à 4 mains, par mes 2 petites sœurs. Un texte où elles racontent à 4 voix (2 voix d’enfants, 2 voix de femmes). J’en ai repris des extraits, ceux qui nous sont communs à nous cinq. Je ne leur ai pas demandé la permission, pas envie de les replonger dans cet enfer malgré elles.
J’ai exhumé de ma bibliothèque un livre de Niki de St Phalle titré « Mon secret » qui m’avait été offert par une camarade de fac. Là encore, j’en ai extrait des phrases, mots qui m’ont permis de rebondir sur ma propre histoire.
Le papier sur lequel sont fabriquées les pages a une histoire. D’un format plus usité de longue date (21x27 cm), je l’ai sauvé de la poubelle lorsque je travaillais chez Larousse. Je l’ai transporté de déménagement en déménagements pendant presque 30 ans, en me demandant pourquoi à chaque fois que je retombais dessus. Il m’aura fallu 30 ans pour découvrir son usage…
J’ai procédé chapitre par chapitre, commençant par fabriquer les fonds avec des encres, expérimentant des processus, des outils, des mélanges. Est venu ensuite l’exercice qui est resté le plus difficile voire douloureux tout au long de la fabrication, la composition de la narration : page par page, souvenirs après souvenirs, souffrances remontant du fond du corps, partie cathartique de l’exercice.
Une fois les pages de droite réalisées, je fabriquais celles de gauche en regard, laissant libre cours à mes envies d’expérimentations artistiques (exercice que j’aime tant). J’ai donc fait feu de tout bois, ne m’interdisant aucuns essais : collages (photos, papiers de toutes sortes, tissus, matières, colle pailletée, ficelle, etc.) peinture, broderie, dessin … chaque page étant une entité propre devant entrer en résonnance avec celle d’en face. Elles ont tour à tour exprimé l’innocence, la fraicheur de l’enfance, la souffrance, la déchirure, l’incompréhension, l’adolescente, l’ambiance familiale, les parents et des réflexions actuelles.
Pour chaque chapitre, j’ai procédé de même puis est venu le moment de relier tout cela. J’ai bricolé quelque chose de très personnel mais solide et permettant au livre d’être aisément feuilleté. Je me suis en partie inspirée de la reliure des beaux-livres. Sur chaque page de droite, j’ai collé une large bande de coton blanc, découpé dans un vieux drap. J’ai cousu les bandes de tissu chapitre par chapitre puis les trois chapitres ensembles. Les couvertures sont en carton recouvert de morceaux de voilage en dentelle. J’ai choisi ce contraste qui me semble exprimer celui que le livre contient : du brut et du doux. Elles sont reliées par une double bande de tissu en jean.
Il est toujours compliqué de trouver un titre, j’ai donc fait au plus simple. « Mon livre » parce que c’est le premier livre d’artiste que je réalise et que c’est mon histoire…
Je me suis aperçue, à chaque fois que je lisais un ouvrage sur le sujet de l’inceste, que je cherchais ce qu’il y avait de commun entre leur histoire et la mienne. Peut-être un besoin de me réconforter à voir que je n’étais pas seule ? C’est en pensant à cela, aux autres, à tout(es) les autres qui se débattent encore avec ces souffrances que j’ai décidé de mettre mon livre à disposition. L’objet lui-même, je le garde précieusement, je suis incapable de m’en séparer ! Par contre, je donne le lien du PDF téléchargeable des pages du livre. Les textes y sont parfaitement lisibles. J’espère qu’il pourra aider, ne serait-ce qu’une personne …
Alixire Artiste Plasticienne - Livre d'artiste - #metoo
Où trouver mes oeuvres
Alixire - Site Officiel
Pour me suivre
Ce livre est la suite logique de Mon Livre Tome 1. Si je sous-titrais ce premier « Merci papa », je sous-titrerais le second « Merci Maman ». Il est question ici de textes extraits de mon journal intime dans l’ordre chronologique inversé. J’ai sélectionné sur plus de 40 ans de tenue très irrégulière des cahiers, les textes qui me semblaient significatifs ou qui me plaisaient dans leur forme. Il est encore question de mon père mais surtout de mon rapport à ma mère. J’ai ressenti le besoin de créer cette œuvre peu après son incinération, une manière surement de fermer la porte et de passer à autre chose. Comme j’avais beaucoup aimé fabriquer matériellement le premier Tome, je me suis empressée de recommencer. Fabriquer chaque page avec force peinture, encres et collages, jouer des matières et des couleurs. Puis recopier les textes sélectionnés. L’exercice fut moins sympathique, la lisibilité en a parfois payé le prix. Mais il me semblait important que ce soit ma main d’un bout à l’autre qui trace les signes. Heureusement pour le lecteur, j’ai prévu le texte tapuscrit en fin d’ouvrage.
Mon Livre Tome 2
Alixire Tome 2
Ce livre ci a été pour moi une manière de récupérer émotionnellement de l’effort intense déployé lors de la réalisation de « Mon livre ». Il m’a fallu l’étape de ce deuxième livre pour retrouver le désir, les idées, me soigner en quelque sorte de l’épreuve émotionnelle du premier.
Contrairement à l’autre et parce que je n’aime rien moins que de rester sur des sentiers fraichement battus, je suis partie d’un livre récupéré en déchetterie. L’auteur inconnu, le style plat, l’histoire oubliable, j’ai métamorphosé l’ouvrage sans remords. Il aurait été dommage de laisser perdre une si jolie couverture et soigneuse reliure.
J’ai commencé simplement par la page 1, puis j’ai déroulé au fil des pages les idées, les envies, les expérimentations qui me venaient à l’esprit. Pour certaines parties, j’ai travaillé par série ; dans d’autres chaque double page est différente de la précédente.
J’ai arraché nombre de pages au roman indigeste pour faire de la place à mes broderies, tissus et autres épaisseurs dont une broderie au point passé plat à la manière de Van Gogh sur un morceau de jean. J’ai également solidifié ce papier trop fin en collant plusieurs feuilles entre elles afin qu’il supporte les traitements un peu rudes que je lui réservais.
J’ai usé de la broderie, de la couture, de l’aquarelle, de la peinture acrylique, de l’encre, de collages très divers, du dessin au feutre, au crayon de couleurs, au stylo-bille. J’ai cousu le papier, j’ai cousu le tissu sur le papier, j’ai brodé le papier, j’ai collé du ruban, de la dentelle en tissu et de la copie de dentelle en papier. J’ai brodé de la toile de jute que j’ai cousu au papier. J’ai cousu du papier calque préalablement brulé à la périphérie. J’ai collé de la dentelle, poursuivi son dessin au feutre Posca sur fond d’aquarelle. J’ai couvert de volutes noires, blanches or et argent des feuilles entières. J’ai brodé des femmes sur du coton que j’ai cousu au papier. J’ai collé des reproductions de dessins anciens que j’aime. J’ai fabriqué une page avec un vieux torchon troué. Bref, je me suis fait plaisir !!!
Et j’ai terminé par les couvertures. Une belle typographie créée, dessinée pour le titre.
Le titre ? Encore une fois, j’ai fait simple : « Alixire Tome 2 » puisque c’est mon deuxième livre d’artiste et qu’il est le pendant, l’exact opposé du premier.
Alixire Artiste Plasticienne
Encore un peu le ciel
Longtemps j’ai eu ce livre au fond de moi et puis, il a émergé un jour …
J’ai commencé par les collages. J’adore le papier, les papiers, j’en ai une jolie collection. Alors, associer, les formes, les couleurs, les matières…
Et puis, ce désir d’écrire des mots, sous forme de haïku peut-être et de les associer à des dessins.
Chaque texte semble dénué de sens ou bien reste impénétrable. A moins qu’il ne fasse image. Une image qui entrerait en résonance avec le dessin qui l’accompagne. A moins que ça ne soit l’inverse : le sentiment du dessin dialoguerait avec l’image du texte…Oui, c’est cela, un dialogue ! Et même peut-être un dialogue à trois : le texte, le dessin et le spectateur…
Entre textes et dessins, je tente d’ouvrir le champ des possibles afin que chaque personne perçoive, à travers le prisme de sa sensibilité, une œuvre unique : la sienne.
Pour ce livre ci, j’ai de nouveau bricolé un système de reliure très personnel qui ferait surement hurler les professionnels. Mais c’était une envie de d’expérimenter de nouvelles solutions. Toujours ce désir d’expérimentation …
Mon livre